mardi 27 mars 2012

In bed with Pavillon Rouge...

En fait, voilà, il se trouve que ma chronique de Pavillon Rouge a trouvé un certain écho chez le groupe. Et comme j'aime vraiment leur disque, je leur ai proposé de faire une interview, demande reçue très positivement par Mervynn.
Sauf que les interviews bateaux des webzines, je ne sais pas vous, mais moi, ça m'emmerde, donc, j'ai décidé que sur ce blog, les interviews sortiraient un peu de l'ordinaire, et donc, c'est ce que j'ai essayé de faire ici.
Alors bien sûr, ce n'est pas dit que ça soit forcément super au point, vu que c'est le début, mais je pense que le résultat est plutôt pas mal.
Si on excepte le fait que la mise en page me fait des misères...

Jugez-plutôt :


FovS :   Ave, Pavillon Rouge ! Tout d'abord, le nom du groupe Pavillon Rouge vient de la chanson d'Indochine. Tu as 300 mots pour expliquer à tout le monde pourquoi Indochine avant 1990, ça déchire... Non, plus sérieusement, qu'est ce qui fait ta passion envers ce groupe ? Des souvenirs, un titre en particulier, une anecdote ? 

Mervynn : Hey, ben disons que quand j'étais gamin, j'ai vu le clips des Tzars à la télé, et je me suis dit que je voulais faire la même chose, être aussi au top que ces gars, faire une musique aussi dansante et énergique etc... « 7000 danses » a été le premier album que j'ai acheté et, deux ans avant de découvrir Megadeth, Judas Priest et consorts, je me suis passionné pour l'univers d'Indochine, j'ai complètement trippé sur cette atmosphère asiatisante, éthérée et soyeuse qu'on trouve dans leurs premiers albums (« Le Péril Jaune » en tête), avec ces putains de sons de synthés suraigus, vraiment la tuerie... Allier ces ambiances à des grosses guitares et à des rythmiques indus a toujours été mon rêve, et je pense l'avoir réalisé...
Si je devais citer un titre, ce serait évidemment la chanson « Pavillon Rouge », avec le saxo lubrique et velouté de Dimitri, les riffs pentatoniques de Dominique etc... un univers à elle toute seule, une pure merveille...
Il est déplorable de voir dans quoi le groupe est tombé actuellement, ces cabotinages dégueulasses de N.Sirkis sur scène, ces paroles de plus en plus puériles, absolument ridicules pour des gens de cet âge, ce trip adolescent super balourd, et ces références grossières... Alors qu'ils auraient pu faire ce qu'on fait nous, avec 100 fois plus de moyens! N.S, tu crains!
 
FovS : Toujours sur Indochine, la question que tout le monde (enfin bon, tout le monde..., moi en tout cas). Pavillon Rouge qui reprend "Pavillon Rouge", c'est possible ?
 
Mervynn : En effet, je suis pas sûr que 99% de l'humanité se pose cette question... mais je vais quand même soulager ceux qu'elle tourmente depuis des années : NON ça n'arrivera pas, ou du moins pas sous un format de reprise classique. On reprendra sûrement le thème mélodique dans une chanson à nous, mais pour moi, cette chanson est trop précieuse, j'aurais trop peur de l'abîmer en voulant la reprendre et l'embellir, surtout en y intégrant du chant black et des guitares... Si on devait reprendre du Indochine, ce serait plutôt « La sécheresse du Mekong » (dont on pourrait corriger les faiblesses...)
 
FovS : D'ailleurs, j'ai cru voir que tu aimais aussi le Glam Metal. Tout comme moi, j'apprécie ce style pour le son, mais aussi pour le côté Sex, Drugs & Rock'n'roll. Personnellement, je trouve que pour un style qui se vante d'une rébellion ultime le Black Metal est vachement puritain et enfermé dans ses propres codes. Pourtant des piliers du genres comme Gorgoroth vantaient sur leurs skeuds les mérites du "Never Stop The Madness "... 
Alors, les adeptes du Black ont-ils un balai dans le cul selon toi ? 

Mervynn : Ça a longtemps été le cas en Province, les fans de black metal ont été les êtres les plus ennuyeux du monde, mais d'après ce que je vois, les satanistes/militants anti-drogue sont une espèce en voie de disparition aujourd'hui, enfin je l'espère... C'était aberrant, à une époque (genre vers 2003/2004), ces gens qui rentraient leur tshirt Burzum dans leur pantalon, qui se disaient suppôt du Mal et qui venaient faire la morale à ceux qu'ils traitaient de « drogués »...  Je leur reproche pas d'être anti-drogue, ça serait tout à leur honneur s'ils prônaient un esprit sain dans un corps sain, mais en fait c'étaient des gens bedonnants et en mauvaise santé, qui étaient anti-drogue mais qui étaient accrocs à la bière j'ai jamais vraiment compris leur délire... Enfin, de toute façon, ils existent plus vraiment, et on va pas s'en plaindre. Ils se targuaient de maintenir en vie l'esprit du black ou du metal, alors qu'ils ont fait beaucoup de mal à la scène, en la rendant encore plus inoffensive et puérile qu'elle n'était.
De toute façon ça ne me concerne pas vraiment, car je n'ai pas la prétention de faire du pur black metal, de faire partie de cette scène et de servir les intérêts de Satan, j'en ai rien à foutre en fait, et je suis beaucoup plus attiré par le Ciel et la Lumière. Il se trouve que notre musique sonne souvent comme du black, car nous adorons l'intensité de ce style de metal, mais en aucun cas nous n'en faisons une religion. Je ne chierai évidemment jamais sur cette musique, puisque le Doxa o Revelation de Crystalium et le Solar Kult de Blacklodge figurent, aux côtés du Péril Jaune, parmi mes albums fétiches... mais si j'adore ces albums, c'est parce qu'ils apportent autre chose que les sempiternelles imprécations contre Dieu, l'Eglise et les méchants chrétiens... Ce sont des albums d'adultes, et ont vraiment la classe.
Concernant le glam, j'en suis effectivement complètement fan, notamment du cultissime groupe Hanoi Rocks, qui était dix fois plus décadent que la plupart des groupes de BM... C'est toujours drôle de voir des mecs habillés en cuir des pieds à la tête, avec des clous, les cheveux longs bien peignés etc... traiter les glammeurs de Pds!!!!!! Enfin, je dis ça mais le glam peut aussi avoir un côté beauf et bas-du-front (cf Motley Crue...).

 

FovS : Il y vraiment plein de références dans le groupe. Du coup, je me demandais, vu que la drogue semble omniprésente dans le concept du groupe. Tu trouves pas qu'on nous vend un peu de la merde parfois ? Et que, comme dirait Svinkels " Vu la piètre qualité des produits qui tournent dans ce produit, ça me donne envie de dire que je n'ai jamais pris de drogues de ma vie" ?

Mervynn : Ah, putain elle est pas mal celle-là... Ben je vais pas te dire le contraire, vu que j'ai moi-même refilé de la  pure merde à l'un des membres du groupe il y a quelques années... Et je suis tout à fait d'accord en ce qui concerne la C, j'ai très franchement l'impression de n'en avoir jamais vraiment tapé... C'est drôle car tout le monde sait que c'est de la merde, que c'est tout sauf de la C, mais les gens sont toujours motivés pour en acheter et en taper, c'est sûrement du au prestige (non légitime) de cette drogue... Après, faut pas non plus exagérer, y a des classiques qui déçoivent assez rarement : MD, speed etc...

FovS : Toujours au titre des références, il y a une portée symbolique assez immense. Entre le Zend Avesta ou les allusions au soleil... Il y a un côté vraiment occulte et mystique chez Pavillon Rouge. Passion personnelle ? 

Mervynn : La dimension solaire, bien plus fascinante à mon sens que les caniveaux puants ou les sombres bosquets dont nous parlent tant de groupes de black, m'attire depuis une dizaine d'années... cette fascination m'est venue lors d'une soirée champis, où tournait l'album « Monumension »... J'ai eu envie d'évoluer dans un monde lumineux et pur, loin de la glauquerie en carton-pâte, et des seigneurs de ténèbres...  Il est bien plus difficile (et donc plus intéressant) de s'orienter vers ce monde inaccessible que de se vautrer dans la noirceur, puisque la noirceur et la glauquerie sont partout dans le monde contemporain... Le monde est un caniveau, quel mérite y a t-il à se complaire dans sa merde? Si tu veux que ta vie soit noire,c'est pas bien difficile, il suffit de ne rien faire et de céder aux tentations de la paresse, du vice etc... et devenir une loose, comme un héros de Houellebecq. Mais si tu veux que ta vie et ton art soient lumineux, là tu peux être sûr que tu vas en chier, que tu rencontreras plein de pièges sur ta route, et que tu te heurteras à de très nombreuses déconvenues.... tout ça pour probablement échouer au final. Mais t'auras peut-être des chances de connaître des extases sans descente, et ça, ça n'a pas de prix...
Cela fait donc un bail que j'aspire à un art lumineux, sans arriver vraiment à verbaliser cette aspiration dans des textes... Mais Kra Cillag est arrivé dans le groupe il y a deux ans, avec tout son arsenal de références mystico-prophétiques, qui ont parfaitement collé au délire du groupe... Il te parlerait de tout ce concept bien mieux que moi, s'il avait le goût des interviews! Le fait est qu'il a mis des mots sur les sensations que je voulais faire passer dans nos chansons, et le prochain album poussera le mysticisme encore plus loin... sans toutefois s'éloigner de la dimension terrestre incarnée dans notre musique par les beats, les guitares et l'aspect « dansant »...

 
FovS : Le tueur de Toulouse, ça t'inspire ? 

Mervynn : Comme l'a très justement dit un pote à moi, Kad Merad, lui, court toujours...
 
FovS : La philosophie de vie de Pavillon Rouge, c'est quoi ? Au sens, vous vous sentez comment, comme une famille, une bande de potes qui fait de la musique par passion, un groupe pro qui est là pour bosser de 14h à 17h... ? 

Mervynn : Ça n'a pas toujours été le cas, mais le groupe s'apparente désormais à une famille, c'est un cercle de gens soudés, qui ont pourtant des profils complètement antithétiques... L'arrivée de Sorthei, batteur live, a donné un aspect encore plus familial au groupe, puisque sa fougue et son enthousiasme au top fédère les personnalités des autres membres du groupe... Nous avons toujours eu beaucoup d'affinités, malgré nos caractères très différents, et nous commençons désormais à avoir un vécu commun conséquent, ce qui donnera une putain de force au prochain album.
 
FovS : Ton point de vue sur la planète, l'homme, etc... ? 

Mervynn : Je crois dans le Vrai, le Beau et le Bien... qui ne sont qu'une seule et même Idée, bien plus bandante que le vice et l'auto-destruction. En fait, je me situe à l'opposé des black metalleux qui prêchent le Mal et qui te font la morale sur la drogue... Pour moi, la drogue c'est le Bien, et la construction de soi, au même titre que le sport et la culture.
 
FovS : La scène française, tu en penses quoi ? Quels sont les groupes avec qui tu t'entends le mieux, tes amis, etc... ?
 
Mervynn : Je suis très pote avec les gars de BlackLodge, qui sont mes voisins et qui sont aussi cultes que leurs albums, avec les Vorkreist de Paris, avec le gratteux d'Alien Deviant Circus, qui a d'ailleurs réalisé notre visuel, et avec Deathcode Society, un groupe de Black metal ultra moderne, dans lequel je m'occuperai des parties synthés...
Pour ce qui est de la scène black française, il me paraît difficile de ne pas en être fier... Ca paraît sans doute très chauvin, mais j'écoute essentiellement les groupes de notre région, car ce sont leurs concerts qui m'ont donné envie de faire ce groupe : BlackLodge, Nehemah, Crystalium, Himinbjorg (avec lesquels on va bientôt jouer)... La scène parisienne est aussi complètement culte, mais ça devient limite un poncif que d'en dire du bien ! Et en ce moment j'écoute pas mal l'album de Sektemtum, en particulier le titre « Low Spread » qui est vraiment une tuerie.


FovS : La plus grosse tête à claque du Black Metal ? 

Mervynn : Eh non, je n'entrerai pas ici dans des invectives surannées contre Dani Filth, ni dans un débat chiantesque sur Varg Vikernes etc... je te parlerai plutôt des musiciens de black qui me font le plus rire... à savoir les Nifelheim, ou plutôt les Nifelmen, comme nous avons désormais coutume de les appeler.
On a découvert ce groupe sur myspace, on a halluciné sur une de leurs photos où tu les vois complètement à fond, tous pics dehors, avec leurs têtes improbables, et derrière eux cette fumée à la con qui fait les beaux jours des dancefloor des 80s (surtout dans les fêtes au village...)... Jusque là, ça va encore, c'est pas le premier groupe de black à se ridiculiser de la sorte (même si eux n'ont pas l'excuse de la jeunesse), mais putain dans les commentaires myspace, on voit un mec qui a écrit, et sans ironie : « you are definitely prepared for war! » Putain, il en fallait pas plus pour déchaîner l'hilarité... Non mais sérieux, tu vois leur gueule, leurs tenues à la con, leurs haches de merde, et tu les imagines partir en guerre, comme s'ils faisaient trembler tout le Moyen-Orient ! Imagine Bush, à l'époque, dire « OK, Ben Laden se rend pas, on lui envoie les Nifelmen... » Quels génies... (nb : Rires nombreux de FovS pendant la relecture)

Du coup on a imaginé, les psylos aidant, une espèce de dessin animé dont les Nifelmen seraient les héros... mais je ne t'en dis pas plus, je ne veux pas trop en parler, car peut-être qu'un jour le truc sortira, et qu'il nous rapportera un max de fric, qui sait...
Bref, on a bien ri sur leurs gueules, et j'ai été très surpris quand j'ai entendu leurs albums, qui sont vraiment excellents! Mais la plus grande surprise fut quand je me suis retrouvé au resto à Stockholm face à Tyrant, qui est vraiment très sympa, en fait, et qui a l'air beaucoup moins con en vrai que sur les photos...
Ce ne sont donc pas les pires têtes à claques du BM, mais plutôt des clowns talentueux et sympathiques...

FovS : Niveau production, étant donné que je bidouille aussi pour mon propre groupe, je suis toujours pas mal épaté de voir le mixage dans un groupe comme le tien. Ce n'est pas trop un casse tête, pour mixer, enregistrer, caler les parties ? 

Mervynn : Si, je te rassure, c'est l'enfer, y a une centaine de pistes juste pour les parties electro, et c'est un vrai casse-tête, mai c'est notre ami Arnaud Ménard du studio Hiroshima qui en a le plus souffert, et il est prêt à réitérer l'expérience, le bougre... On a passé énormément de temps sur le mix, c'était un truc de fou... En revanche, l'avantage c'est qu'on gagne un max de temps grâce au fait qu'il n'y a pas de batterie à enregistrer.

 
FovS : Vu qu'ils vont sûrement passer en interview à peu près en même temps que toi, tu penses quoi de La Division Mentale ?

Mervynn : J'avais trouvé ça vraiment cool à l'époque où ils avaient sorti « L'eXtase des fous », ça devait être en 2007 ou 2008 je crois... Et ta chronique de leur EP récemment sorti m'a donné envie de m'y remettre... En plus de faire une musique puissante et originale, ils ont pas mal d'inspiration concernant les titres des albums et des chansons, ce que j'apprécie particulièrement dans un groupe (c'est aussi ce que j'aime chez Indochine, Crystalium et BlackLodge, des titres comme « Le Péril Jaune », « Diktat Omega » ou « Psychoactive Satan », ça démonte tout!). D'autant qu'il est très difficile d'avoir des titres et des textes en français qui soient puissants... Et la pochette du dernier EP est terrible, je sens qu'il va me plaire !
 
FovS : Ta marque de whisky favorite ? A noter que je vote Jack Daniel's...

Mervynn : Putain là tu me fais pas plaisir, par contre... Le Jack c'est pas mauvais, mais la référence est assez grossière ! J'opterais pour un bon William Peel, un truc de bon gros bourgeois bon vivant quoi...
 
FovS : Voilà, tu as le dernier mot, si tu veux poser une question à ton humble intervieweur, si tu veux passer un coup de gueule, un coup de cœur, un coup de fil à un ami..

Mervynn : Pas de question à te poser, juste une objection à ce que t'as dit au début de l'interview... Indochine c'est bien AUSSI après 90, je trouve l'album Dancetaria très correct ! (ndFovS : effectivement oui, et le dernier est loin d'être nul, aussi...)
A part ça merci pour ces questions qui, j'en suis convaincu, sortent un peu des sentiers battus !



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